
CONSTANT LE BARH
projet de recherche master : premier semestre
Le Sifflement en Bretagne
Instrument, représentations, esthétiques, usages et fonctions.
Le sifflement est présent dans le paysage sonore breton, français et mondial depuis des siècles et sous de nombreuses formes. Ses techniques et ses fonctions sont différentes, même au sein d'un territoire très limité. Si nous n'avons pas de langage sifflé connu sur le territoire breton, nous pouvons aujourd'hui aisément observer plusieurs fonctions principales, ainsi que de nombreuses techniques de sifflement.
Il est facile d'observer trois grandes techniques de sifflement, à savoir le sifflement simplement buccal, le sifflement avec les doigts et celui avec un instrument extérieur, comme la fameuse feuille de lierre en Bretagne. Mais la catégorie qui m'intéresse le plus, la première (sifflement buccal), est constituée de nombreuses techniques, toutes très différentes et très personnelles, forcément plus difficiles à observer et à différencier, de par leur location in bucco. J'ai par exemple pu à ce jour déterminer trois techniques d'articulation différentes, dont une particulièrement impressionnante, résultant d'un mouvement d'aller-retour de la pointe de la langue entre le palais dur et l'arrière des incisives inférieures.

En dehors de rares enregistrements pré-existants, le travail de collectage de siffleurs n'a pour ainsi dire pas été fait sur le territoire breton, c'est donc principalement sur mes propres collectes et observations, faites et à venir, que va s'appuyer ma recherche. Mais ce collectage est rendu compliqué par l'aspect intime, personnel et solitaire du sifflement, il n'y a donc que très peu de siffleurs connus en Bretagne.
L'observation de ces pratiques soulève deux questions essentielles liées à toute observation d'une pratique musicale traditionnelle, celles du répertoire et de la transmission. Ces questions n'ont pas encore été traitées ni débattues, quand elles nourrissent depuis un siècle les passions des ethnomusicologues et musiciens bretons au sujet de la chanson traditionnelle en Bretagne.
La transmission d'un élément musical aussi privé que le sifflement pose en effet question. Si les chansons pouvaient se transmettre dans les fêtes ou lors de travaux, ainsi que dans des veillées, le sifflement est plus souvent réservé à l'accompagnement d'une tâche solitaire. Les gens qui accompagnent leurs travaux de sifflements peuvent même montrer une certaine pudeur quant à cette pratique, ne voulant pas imposer à un auditoire un son qu'ils savent avoir un fort potentiel irritant.
Et quid du répertoire ? Dans les observations que j'ai pu réaliser pour le moment, le répertoire est extrêmement large, et peut-être composé tant de thèmes traditionnels que de pièces entendues sur des enregistrements, diffusions radiophoniques, de toutes les esthétiques, musique classique et chanson française en tête de liste.
Le collectage étant au cœur de mon sujet, c'est autour de vidéos de mes sources que je vais réaliser ma création artistique, un film à intérêt documentaire qui sera le support visuel et audio d'une musique live, entre musique contemporaine, improvisation et musique traditionnelle.